David West, artiste américain installé à Paris, a longtemps arpenté les clubs undergrounds et les studios d’enregistrement pour y croquer les musiciens avant-gardistes et leur mode de vie nocturne. Dans sa nouvelle exposition OUTSIDE ERRORS, il prend cette production à contre-pied, et quitte l’obscurité des salles de concert pour embrasser la clarté solaire des parcs parisiens et des plages australiennes. Les figures humaines ne sont plus qu’anecdotiques; elles laissent place à la célébration du monde naturel, interprété de façon hautement subjective.
Ce tournant inattendu dans le travail de l’artiste résulte d’une découverte fortuite, celle d’un nouvel outil particulièrement adapté à la représentation de paysages sur site. En 2014, un jour qu’il se trouve sur la côte bretonne, David West n’a que les feutres de son fils pour dessiner ce qu’il voit et s’aperçoit que ceux-ci sont solubles dans l’eau. De là, il trouve rapidement le papier idéal et développe une technique plastique inédite, dessinant encore et encore, jusqu’à une maîtrise totale de ce nouveau médium.
Le titre de l’exposition OUTSIDE ERRORS, les «erreurs en extérieur», fait directement référence à cette recherche quasi-empirique, à cette volonté de tester et d’apprendre, pour parvenir à un résultat satisfaisant.
A travers une série de trentre trois dessins et deux peintures, tous réalisés entre 2014 et 2017, le visiteur suit ainsi le cheminement de l’artiste dans cette quête intime. Le geste devient plus précis, plus virtuose, à mesure que la technique se perfectionne. Les sujets eux-aussi se complexifient; des scènes marines des débuts, on passe progressivement à des vues de Paris, où l’architecture, moderne ou haussmannienne, se détache des feuillages denses et des ciels urbains. Entre chaque pièce, le fil conducteur reste toutefois le même : l’eau. Des quais de la Seine aux étangs du Parc Monceau, en passant par la rivière HaYarkon à Tel-Aviv ou la baie de Melbourne, l’eau est omniprésente dans les paysages de David West, tant elle est pour lui synonyme d’apaisement et de neutralité.
Ainsi, David West délaisse le simple regard objectif pour livrer une vision éminemment personnelle de la nature, et évite l’écueil d’une fade succession de cartes postales. Chaque couleur, chaque détail est évalué, réinterprété, corrigé pour parvenir à une réalité modifiée qui n’en est que plus belle. L’artiste transforme le monde en laboratoire; il devient son propre filtre et accepte ses erreurs. Souvent, d’ailleurs, ce sont elles qui font l’oeuvre.
David West (né en 1958) vit et travaille à Paris. Après des études à l’Institute of Art de Chicago, il déménage à New York où il commence à exposer, puis à San Francisco, et devient une figure de la scène underground internationale des années 80. En 1996, il reçoit le Pernod Liquid Art award, puis le Gibson Guitart Award en 2001. Depuis 2002, il vit à Paris où il pratique essentiellement la peinture et le dessin. En 2009, il publie un livre de portraits, et en 2012 un ouvrage monographique est consacré à son travail autour des musiciens en répétition.